Sex, Love & Goop de Gwyneth Paltrow : Analysé par sexologue
Le nouveau projet de Gwyneth Paltrow, intitulé Sex, Love & Goop est disponible sur Netflix depuis octobre. C'est la deuxième série de Gwyneth, après une première création qui avait fait beaucoup de bruit sur internet, à cause des conseils lifestyle plutôt discutables présentés dans la série. On s’attendait tous à quelque chose de similaire et nos attentes ont largement été dépassées : ça a été une très bonne surprise ! Tatyana Deryabina, une thérapiste du sexe, a analysé Sex, Love & Goop et nous raconte comment la série est, contre toute attente, utile et réfléchie !
Il semblerait que tout le monde a déjà entendu parler de Gwyneth Paltrow et de sa société Goop. A l’origine, l’idée de la marque était d’éduquer le public sur le lifestyle, la beauté, la santé et le sexe. Les soucis entre Goop et le public ont commencé très rapidement en raison de ses conseils pour le moins discutables. Gwyneth recommandait de rester à distance du WiFi (apparemment pour éviter les radiations), d’éviter les tomates (pour le cancer semble-t-il ?), de marcher pieds nus pour guérir la dépression, de faire du sport et d’arrêter les glucides (rien de nouveau sous le soleil) pour perdre du poids. Par la suite, Goop a lancé sa propre boutique en ligne, qui à elle seule fait concurrence à Amazon si l’on considère la quantité d’articles plus ou moins inutiles qui y étaient vendus. Des autocollants guérisseurs de karma, des produits anti-vampires, et plein d’autres choses dont personne n’a jamais entendu parler, qui n’ont rien de scientifique, et à un prix exorbitant. Et bien sûr, n’oublions pas la fameuse bougie Goop qui "sent comme les parties intimes de Gwyneth” : tout le monde en parlait.
Alors quand on m’a demandé de regarder le nouveau projet de Gwyneth, Sex, Love & Goop, j’étais plutôt curieuse, vu qu’on peut s’attendre à peu près à tout de sa part, des tutoriels pour jongler avec du quartz rose pour vagin, par exemple. A ma grande surprise pourtant, cette série est tout l’inverse de ce que j’imaginais.
Le concept de la série est simple : cinq couples avec différents problèmes, principalement liés à leurs vies sexuelles. Felicitas et Rama veulent raviver la flamme dans leur couple, Erika et Damon essayent de gérer leurs différences sexuelles, Camille et Shandra apprennent à accepter le désir de l’autre, Mike et Joie travaillent sur leur incompatibilité de tempérament, et Dash et Sara cherchent à comprendre d’où vient la négativité dans leur relation. Chaque couple se voit attribuer un thérapeute spécialisé dans leur sujet, et la magie opère …
Quand je dis magie, je n’entends rien de spirituel, la série en manque cruellement, à ma surprise. A l’exception peut-être de quelques mentions par-ci par-là d’”orgasmes énergétiques”. Je parle de la magie que chaque thérapeute met en oeuvre en travaillant avec son couple. La magie de l’empathie mutuelle, de l’acceptation, de l’honnêteté, du soin et de l’amour.
Il est aussi important de préciser à quel point tous les thérapeutes et coaches de l’émission travaillent en pleine conscience d’eux et des autres, avec bienveillance et compréhension. On aime penser que c’est comme ça que devraient être tous les bons thérapeutes, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’être impressionnée par leur soigneuse éthique de travail et la façon dont ils interagissent avec les participants avec tact. Moi-même, en tant que spectatrice, je me suis sentie aimée et considérée, je ne peux qu’imaginer les effets après avoir réellement travaillé avec eux.
Par exemple, dans l’un des épisodes, Jaiya, une sexologue somatique, donne le conseil suivant à l’une des participantes qui pense qu’elle n’est pas assez entreprenante sexuellement :
“Toi tu aimes certaines choses, et c’est okay. Tu n’es pas cassée, rien en toi n’est cassé en fait. Tu aimes juste certaines choses.”
Vous la ressentez cette phrase ? Moi, oui.
Mon experte préférée dans Sex, Love & Goop était Amina Peterson, une coach sexuelle qui travaillait avec une femme d’âge mûr pour l’aider à accepter et apprécier les changements de son corps. Au lieu de vous donner mon avis, je vais simplement vous citer l’un de mes passages préférés d’Amina :
“En tant que filles, en tant que femmes, il y a beaucoup de messages qu’on nous a transmis, en nous disant ce à quoi nos corps devraient ressembler. Et cette négativité s’exprime souvent dans l’espace intime. On ne veut pas être vraiment, entièrement vues. “Je ne veux pas que tu touches mon ventre, je ne veux pas que tu touches cette partie de mon corps.” Nous avons tellement internalisé la misogynie, la grossophobie, l’agéisme, qu’on cherche toujours à changer quelque chose. “Oh, si seulement mes fesses étaient un peu plus grosse et ma taille un peu plus fine.”
“L’intimité repose tellement sur le fait d’être vue. Et beaucoup d’entre nous ont du mal à être vues par les autres parce qu’on ne s’autorise même pas à se voir soi-même. Si je ne suis pas capable de me regarder moi, comment je pourrais autoriser mon partenaire à me regarder ? Comment est-ce que je pourrais arriver au stade où j’ai une vraie intimité avec un partenaire si je suis terrifiée par l’intimité avec moi-même ? Si j’ai peur que quelqu’un d’autre voie quelque chose que je ne m’autorise pas à voir moi-même ?”
Ce qui m’a impressionnée dans cette série, c’est qu’elle n’est pas purement éducative ou basée sur des techniques thérapeutiques, et ce n’est pas non plus un placement de produit pour la boutique Goop. Ce n’est pas comme ces séries qui vous disent “alors, voilà un vibromasseur, voici votre clitoris, vous me remercierez plus tard” et les conseils donnés sont loin d’un “attrapez-le comme ça, mordez ici, il deviendra fou”. Sex, Love & Goop parle, avant tout, de se comprendre soi et son partenaire et d’apprendre à communiquer, l’unique façon de trouver l’harmonie au sein d’un couple.
En revanche je ne suis pas complètement d’accord avec l’un des messages clés de Sex, Love & Goop, qui est de dire qu’une vie sexuelle réussie mène à l’épanouissement. Pour moi, c’est plutôt une partie intégrante de la vie, pas le but ultime ni l’objectif d’une vie. Le plus important, c’est de se souvenir que nous sommes tous différents et qu’il n’y a pas de recette universelle pour se trouver et profiter de sa sexualité. Nous sommes tous des êtres uniques, nous sommes beaux, sexy, dignes. Et on mérite tous de l’amour.