Addiction au sexe : Explication et conseils d'un thérapeute
Ca y est : l’addiction au sexe ( addiction sexuelle ou dépendance sexuelle) est officiellement dans la 11ème révision de la Classification Internationale des Maladies (ndlr, International Classification of Diseases). Christo van Meer, médecin et contributeur régulier au Journal Pure, pense que c’est une super nouvelle. La raison est simple : des centaines de milliers de personnes en souffrent. Une mention officielle dans le principal manuel médical au monde ne va pas seulement les aider à obtenir le traitement nécessaire, mais va aussi contribuer à des recherches futures. Avant son inclusion dans l’ICD, des études sexologiques et professionnelles ne pouvaient pas être publiées. L’absence d’un diagnostic formel a aussi empêché la publication d’études critiques et a compliqué la compréhension des risques de l’addiction au sexe.
Les addicts au sex : qui sont-ils ?
Ca peut sembler étrange, mais l’addiction au sexe n’est pas très différente des addictions à l’alcool ou aux substances. La chimie de notre cerveau est entièrement à blâmer : le corps n’en a fondamentalement que faire de ce qu’on apprécie, et c’est l’une des raisons principales du déclenchement d’une addiction.
Les personnes qui souffrent d’une addiction sexuelle sont fortement stressées dans la vie quotidienne. Cela se manifeste dans les symptômes de la dépendance sexuelle : des pensées chroniques et obsessionnelles au sexe, un changement constant de partenaires, le besoin de mentir pour cacher son activité sexuelle, l’incapacité à contrôler ses pulsions sexuelles, ou même le fait de se mettre soi et les autres en danger pour accomplir ses désirs. L’addiction au sexe se manifeste par une sexualité excessive, envahissante, incontrôlable.
Pour celles et ceux d’entre vous qui ont tendance à s’auto-diagnostiquer : prendre du plaisir sexuel n’est pas un symptôme, tout comme la libido seule n’est pas un indicateur de la maladie
Les symptômes de l’addiction au sexe
Des pensées obsessionnelles sur le sexe
Tout le monde pense au sexe et rêve, mais parfois ces pensées et ces fantasmes peuvent devenir obsessionnels. Ils peuvent empêcher quelqu’un de socialiser normalement et de remplir ses obligations professionnelles.
Passer trop de temps à faire l’amour ou à rechercher un partenaire
Il est important de préciser que baiser et rechercher un partenaire est normal (quelques conseils Pure sur des rencontres occasionnelles). Quand les experts disent “trop de temps”, ils comparent en général à une personne normale. Trop, dans le cas d’addiction sexuelle, correspond à quand l’une de ces activités prend le pas sur la vie quotidienne.
Déprime et honte après le sexe
Un signe caractéristique qui est souvent causé par l’incapacité d’une personne avec l’addiction au sexe de contrôler ses envies sexuelles. 28% des addicts au sexe ont des hauts niveaux de dépression et d’anxiété.
Une masturbation excessive
La masturbation est une façon saine et naturelle d’explorer sa sexualité ou de détendre la tension sexuelle (lis l’article Pure sur avantages et des inconvénients de l’auto-satisfaction ici). Pour les addicts au sexe, la masturbation a tendance à devenir trop haute en termes de fréquence et de temps passé, menant souvent à des dégâts physiques sur les parties génitales. Dans le cas d’addiction sexuelle, le sexe fait souffrir.
Un comportement sexuel risqué
Il s’exprime le plus souvent dans l’exhibitionnisme, le sexe en public, dans des endroits qui ne sont pas sûrs, et le sexe non protégé, qui augmentent tous le risque d’attraper des MSTs et ISTs.
Crimes sexuels
Dans les cas les plus avancés, la maladie peut entraîner des crimes comme le stalking, la violence sexuelle ou le harcèlement.
Des programmes basés sur le modèle en 12 étapes ou la thérapie cognitive et comportementale peut aider à soigner l’addiction au sexe
Docteur, ça se guérit ?
Oui, absolument. La méthode de traitement la plus efficace est la participation à des thérapies de groupe basées sur le modèle en 12 étapes. Beaucoup connaissent les AA - et dans le cas de l’addiction au sexe, c’est les SA. Dans ces groupes, le soutien des participants est une priorité, et, à l’inverse des programmes qui traitent de l’addiction à l’alcool ou à la drogue, les “sex addicts” ne sont pas encouragés à complètement abandonner le sexe. Ils sont fortement soutenus dans leur contrôle de leurs besoins sexuels.
La thérapie cognitive et comportementale est aussi très efficace dans le cas d’addiction sexuelle. Le patient apprend à reconnaître les déclencheurs de l’attitude compulsive, à suivre leur réaction à ceux-ci et à modifier leur comportement.
Si l’addiction au sexe est accompagnée de dépression ou d’anxiété, un spécialiste peut prescrire la médicamentation.