Les "céli-couples" : ensemble ou pas ?

Les "céli-couples" : ensemble ou pas ?

A quel âge doit-on se marier ? Et quand faut-il commencer à penser à fonder une famille ? Et si les normes de la vie conjugale avaient tellement changé qu'il n'est même plus nécessaire de vivre dans le même appartement pour être ensemble ? Myriam Braiki, sexologue et thérapeute de couple, revient sur les formes modernes de cohabitation.
 

Qui sont les "céli-couples" ?

Dites-moi, avez-vous déjà entendu parler de cette nouvelle tendance amoureuse que les couples appellent "couples célibataires", "non-cohabitants", ou même LAT (Living Apart Together) ? Eh bien, je vais tout de suite vous éclairer à ce sujet. Ces noms sont donnés aux couples qui font le choix de ne pas vivre ensemble.

Pour une bonne raison, ils font le choix de ne pas rentrer dans certaines fameuses injonctions sociétales. Vous savez, les fameuses "boîtes" dans lesquelles il faut rentrer pour rencontrer son amour, vivre avec lui, acheter une maison ensemble, avoir un, deux ou trois enfants, avoir une voiture familiale, et, si je pousse un peu, avoir un chien et une maison en banlieue ! Eh bien, certains couples ne veulent plus de ça ! Et pourtant, il y a encore des couples qui s'aiment, engagés dans leur relation, mais qui font "exploser" l'ancien schéma du foyer conjugal. Ces couples sont engagés dans leur relation et ont pourtant deux maisons différentes ! Ils font le choix de ne pas cohabiter, pour diverses raisons dont je parlerai dans cet article.

Pure — des rencontres sans tabous !


Qui sont-ils ?

Examinons quelques chiffres français. En France, 8% de la population déclare être en couple mais ne pas vivre sous le même toit, soit près de 4 millions de personnes ! Ce n'est pas rien et ce n'est pas si "exceptionnel" que ça !

Parmi eux, pour 40% il s'agit d'un choix éclairé - tandis que d'autres couples subissent cette configuration, principalement pour des raisons professionnelles. Etonnamment, cette aspiration se retrouve dans tous les milieux sociaux...

Les couples de 18 à 25 ans. Parmi ces couples dits "non cohabitants", 28% ont entre 18 et 25 ans. Avouons-le, ce chiffre reflète aussi le fait que les couples stables se forment plus tard qu'avant. Cela peut aussi être dû à l'augmentation du nombre d'années d'études, mais aussi à la tendance toujours plus forte à individualiser la société.

Les couples de 25 à 55 ans. Mais qu'en est-il après l'âge de 25 ans ? Ceux qui construisent le couple parental... Entre 25 et 55 ans, pas moins de 17% des couples sont des couples célibataires qui refusent de vivre ensemble. Le nombre de couples séparés et divorcés augmente malheureusement de plus en plus. Et même si le temps fait son œuvre réparatrice, ces nouveaux célibataires hésitent et réfléchissent beaucoup plus longtemps avant de se lancer, à nouveau, dans une cohabitation. Les personnes qui ont déjà vécu ensemble le savent bien : lorsque le couple meurt, la désillusion est immense. Certaines personnes ne veulent pas revivre cette expérience. 

Les couples de plus de 55 ans. Un virage différent pour cette tranche d'âge... Après 55 ans, il y a une réelle différence entre les sexes : de plus en plus de femmes vivent seules, et ces chiffres augmentent fortement au fil des années. Malheureusement, le "démon de midi" n'est pas qu'un mythe ! Après 50 ans, et surtout à l'approche de la retraite, il n'est pas rare de constater que des couples se séparent, généralement à l'initiative de ces messieurs. 

Ces couples LAT (Living Apart Together) témoignent que le fait de vivre séparément permet de maintenir l'amour au centre de la relation, en préservant l'envie de se voir, sans les contraintes de la vie quotidienne ni aucune obligation. Partager des moments ensemble est toujours un choix, après tout

Pourquoi choisir la non-cohabitation ? Voyons les avantages

Garder son indépendance. Aujourd'hui, que ce soit après avoir quitté le domicile parental ou après avoir été en couple, beaucoup de personnes passent par l'étape de la "vie en solo", avec ou sans enfants. Même si ce mode de vie n'est pas apprécié de tous, il n'en reste pas moins que la grande majorité finit par s'y adapter, et même par l'apprécier. Il est alors difficile de faire de la place dans son quotidien pour une nouvelle personne, car cela entraîne inévitablement quelques compromis qui peuvent déstabiliser cette organisation rassurante et confortable.

Pas de routine. Vivre séparément entretient le fameux enthousiasme des débuts, des soirées inattendues, et des savoureux "dormons ensemble ce soir", un peu comme un rendez-vous que l'on est ravi d'avoir et de vivre. Appréciez la présence de l'autre, attendez ce moment, et surtout choisissez-le !  Ne pas vivre ensemble vous pousserait donc à savourer davantage la présence de l'autre. Les couples LAT disent éviter les disputes liées à la routine quotidienne : le ménage, les courses, etc ! Et, comme vous le savez sans doute, on nous dit souvent que la routine est l'ennemi numéro 1 du couple. 

Pour ma part, je prends cela avec des pincettes, car la routine peut effectivement "éteindre" la flamme, mais elle est aussi tellement rassurante ! Et puis, si on ne veille pas à entretenir l'ardeur, la routine peut aussi s'installer dans un "célicouple".

Améliorer sa sexualité. Je ne peux pas parler de couple sans parler de sexualité, qui reste un élément fondateur pour la majorité. L'absence de l'autre décuple naturellement le désir sexuel. En effet, quand on vit sous le même toit, tout est là, à portée de main, accessible et possible !  Il n'y a pas toujours besoin de se séduire, les enfants sont entre vous, la fatigue du quotidien, le rythme de la folie partagée... Pour ces couples non cohabitants, les moments choisis de retrouvailles sont le plus souvent précieux, et ils décrivent les moments d'amour comme attendus et plus forts.

L'indépendance, cet espace de liberté ! Pouvoir garder son indépendance ainsi que ses précieux moments de solitude, sont aussi des aspects positifs qu'ils apprécient dans cette relation. Les retrouvailles n'en sont que meilleures, et ce retrait permet de préserver la flamme. Avoir un petit espace de liberté leur permet de ne pas étouffer... Être ensemble à des moments choisis réduit la routine, suscite l'envie de se préparer pour l'autre, et les séduit. Il y a donc beaucoup moins de risques de se lasser de l'autre.

Les couples veulent pouvoir faire des choses chacun de leur côté, avoir des moments rien que pour eux. De nombreuses personnes vivant ensemble finissent par se plaindre de leur vie commune, exprimant le manque de moments privilégiés. 

Après quelques années de vie commune, on finit malheureusement par oublier qu'il faut prendre soin de l'autre et qu'il est important de continuer à se choyer et à se surprendre. Rien n'est jamais acquis, ne l'oubliez pas ! J'aime à dire que l'herbe n'est pas plus verte ailleurs, mais qu'elle est plus verte là où on l'entretient !

Qu’en est-il des inconvénients de ne pas vivre ensemble ?

L'aspect financier. Pour vivre en couple, il faut pouvoir payer à deux le loyer, les factures d'électricité, les impôts, les assurances, etc.... On ne va pas se mentir, il faut une certaine indépendance financière. Et dans ces différentes dépenses, je ne parle pas des trajets supplémentaires pour se retrouver chez l'un ou l'autre. Et s'ils souhaitent vivre séparément, cette petite existence de bohème nécessite une certaine aisance financière qui limite sa concrétisation en ces temps de crise.

Une confiance sans faille. Ne pas avoir son partenaire sous le coude demande aussi d'être suffisamment à l'aise pour offrir à l'autre la confiance nécessaire à la bonne co-construction d'un "céli-couple". Il est essentiel de trouver LA personne qui est prête à vivre ce modèle en couple. Évitez les personnes émotionnellement dépendantes, qui ne supporteront pas ce modèle de non vie commune souvent dans l'idée que le couple représente l'équation 1+1=2.

La gymnastique matérielle. Le fait de vivre séparément peut régulièrement laisser la nécessité d'un déplacement perpétuel entre un foyer et l'autre. J'entends par là qu'il faut régulièrement apporter et rapporter certains effets personnels. Ne jamais avoir sa propre place chez l'autre. Enfin, vous l'aurez compris, les temps changent, et les modèles de couples aussi ! Nous vivons dans une époque où tout se consomme rapidement, même l'amour. Dès qu'on se rencontre, dès qu'on se ghost (lire l'article de Pure sur le ghosting ici), plus vite on oublie. Les couples qui durent et ne vivent pas ensemble créent souvent une forme d'incompréhension pour les autres.

Comme vous pouvez le constater, il existe de nombreux modèles d'amour variés. Chaque couple doit trouver celui qui lui convient le mieux, à condition que les deux partenaires soient épanouis. De nombreuses personnes vivent ensemble mais ne consacrent pas vraiment de temps à leur relation. Ils la négligent, et elle finit par se ternir et s'éteindre. Le plus important est que le temps passé ensemble soit de qualité.

Myriam Braiki

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